Tonton
Bonhomme qui va, austère
au milieu des landes, des bruyères,
silhouette insolite,
bloc de granit,
Tonton foule la terre
lentement
comme le temps.
Le temps qui pourtant, emporte
les idées, les hommes et les amours mortes,
le temps qu'il lui reste
dans la même veste
avant de n'être plus
qu'une statue
un nom de rue.
Il a son beau chapeau,
il a son long manteau,
il a son chien le brave
le gros qui bave,
il a le regard des sages,
il est la force tranquille, sereine,
il est comme un grand chêne,
il sait la futilité
de toute chose,
la douceur et
la fragilité des roses.
Bonhomme qui va, austère
au milieu des landes, des bruyères,
silhouette insolite,
bloc de granit,
Tonton foule la terre
en sifflotant
comme le vent.
Le vent qui pourtant, emporte
son joli chapeau que le chien rapporte.
Il est plein de bave,
ce n'est pas bien grave,
un chapeau ça se lave
mais ça fait sale
et Tonton râle.
Tonton est colère,
tout va de travers,
l'Histoire, la gloire, tout foire
parc'que ce soir
le vieil homme a, c'est dur
un caillou dans sa chaussure,
un vieux rhume qui dure
et puis cette nuit, misère
il a rêvé
qu'un beau jour
la gauche revenait
Tonton s'en va
à petit pas...