Petit pédé
T’as quitté ta province coincée
sous les insultes, les quolibets,
le mépris des gens du quartier
et de tes parents effondrés.
A quinze ans quand tu as découvert
ce penchant paraît-il pervers,
qu’tu l’as annoncé à ta mère
j’imagine bien la galère !
Petit pédé...
T’aurais été noir, pas d’lézard,
besoin d’l’annoncer à personne,
mais c’est franch’ment une autre histoire
que d’avouer "j’aime les hommes".
C’est pas d’ta faute, c’est la nature
comme l’a si bien dit Aznavour,
mais c’est quand même sacrément dur
à l’âge des premières amours.
Petit pédé...
Pis toute sa vie à faire semblant
d’être "normal", comme disent les gens,
jouer les machos à tout bout d’champ
pour garder ton secret d’enfant.
Dans le p’tit bled d’où tu viens
les gens te traitaient pire qu’un chien,
il fait pas bon être pédé
quand t’es entouré d’enculés.
Petit pédé...
A Paris, tu as débarqué
dans les backrooms du Marais,
dans ce ghetto un peu branché
tu as commencé à t’assumer.
Pour tous les homos des bars gays
tu étais un enfant perdu,
tu as été bien vite adopté
même si c’était pour ton cul.
Petit pédé...
Tu t’es laissé aller parfois
à niquer plus que de raison,
c’est ta liberté, c’est ton droit,
t’as heureus’ment fait attention
Tu t’es protégé de ce mal
qui a emporté tant de tes potes,
face à ce virus infernal
tu sortais jamais sans capotes.
Petit pédé...
Bientôt tu trouveras un mec,
un moustachu ou un gentil,
alors tu te maqu’ras avec
pour quelques jours ou pour la vie.
Rêv’rez peut-être d’un enfant,
y’en a plein les orphelinats
sauf que pour vous papa-maman,
c’est juste interdit par la loi.
Petit pédé...
Tu seras malheureux parfois,
la vie c’est pas toujours le pied.
Moi qui ne suis pas comme toi,
le malheur j’ai déjà donné.
Qu’on soit tarlouze ou hétéro
c’est, final’ment, le même topo,
seul l’amour guérit tous les maux,
je te le souhaite et au plus tôt.
Petit pédé, petit pédé...