Mon nain de jardin
Déjà que j’avais pas grand-chose
dans ma p’tite vie pas toujours rose,
dans mon p’tit pavillon d’banlieue
dublié des hommes et de Dieu,
entre ma p’tite femme et mon chien
j’avais qu’la télé et puis rien,
à peine un p’tit carré d’pelouse
d’un mètre vingt-trois sur un mètre douze
où il trônait comme un pacha,
mon p’tit Simplet qui n’est plus là.
Si je tenais l’enfant d’gredin
qui m’a volé mon nain d’jardin
j’ui f’rai passer le goût du pain,
j’ui f’rai passer le goût du pain...
C’était un vrai p’tit nain d’Blanche Neige,
pantalon rouge et polo beige,
pas une salop’rie en plastique,
la plus jolie des céramiques.
Mettait du soleil sur ma p’louse,
toutes les fleurs en étaient jalouses,
y t’nait compagnie aux oiseaux
putain de Dieu, qu’il était beau
avec son p’tit bonnet pointu,
v’était le plus joli d’la rue.
Si je tenais l’enfant d’gredin
qui m’a volé mon nain d’jardin
j’ui f’rai passer le goût du pain,
j’ui f’rai passer le goût du pain...
Si on m’demande une rançon pour lui
j’fil’rai deux mois d’mon RMIn
j’veux plus voir mon jardin tout nun
j’veux r’voir le sourire ingénu
de mon p’tit nain qui, mine de rien
se r’trouve aujourd’hui orphelin.
On m’a taxé ma seule richesse
et j’réalise avec tristesse
que les voleurs, c’est malheureux
volent toujours à plus pauvres qu’eux
Si je tenais l’enfant d’gredin
qui m’a volé mon nain d’jardin
j’ui f’rai passer le goût du pain,
j’ui f’rai passer le goût du pain...
Si je tenais l’enfant d’gredin
qui m’a volé mon nain d’jardin
j’ui f’rai passer le goût du pain,
j’ui f’rai passer le goût du pain...